TRESORS ET CREATIONS A LA BOUTIQUE EPHEMERE LILLE AUX CREATEURS

LA VOIX DU NORD METROPOLE LILLOISE MERCREDI 03/11/2010

PAR HERVE NAUDOT

" A lille, une boutique éphémère veut donner aux créateurs une notoriété durable"

Réunis en collectif, vingt-cinq artistes de la métropole ont installé, hier, pour deux mois, leur boutique éphémère dans une ancienne marbrerie, au coeur du Vieux-Lille. Ils (elles surtout) peignent, créent vêtements, bijoux, sacs à main, et sont réunis pour promouvoir leurs créations, partager leurs expériences, et se nourrir des idées des autres. Ça bouillonne déjà !

Habillée de rouge, la petite échoppe était encore en chantier lorsque les premiers nez se sont pointés à sa porte, hier matin. En vitrine, des bijoux originaux et finement ouvragés, en porcelaine, en métal précieux, auprès desquels l'artiste a discrètement laissé sa carte de visite. En face, les étagères sont couvertes de sacs et d'accessoires de mode qu'on ne verra nulle part ailleurs. Et pour cause. « Tout est fait main, en pièce unique ou en très petite série », précise Souad Meslis, présidente de l'association « Lîlle aux créateurs » et fine gâchette de la maroquinerie.

Cette Haubourdinoise a eu l'idée de la boutique éphémère il y a un an, aux environs de Noël. Lasse d'écumer les salons des métiers d'art pour présenter son travail, et d'y laisser des plumes financièrement (installer un stand le temps d'un week-end coûterait, d'un salon à l'autre, entre 150 et 1 500 E , selon ses dires), la jeune femme a décidé de sauter le pas. L'aventure a débuté à trois pour aboutir, aujourd'hui, à vingt-cinq. « Je voulais donner une visibilité et une notoriété à des créateurs d'horizons différents, qu'ils soient stylistes, peintres ou créateurs de bijoux, et qui ont du mal à sortir de l'anonymat », explique Souad Meslis, qui avoue que le splendide isolement du créateur a son revers. Elle et ses petits camarades artistes ont un mal fou à « se vendre ». « Trop timides », dit-elle, pour frapper aux (bonnes) portes.

Alors, la jeune femme a scruté les sites internet de créateurs de la région, a établi un listing de 170 personnes, en a refusé un certain nombre, misant avant tout sur « la qualité du travail de l'artiste, son originalité et sa personnalité ». Sur un plan logistique, et contre toute attente, louer le local n'a pas été sorcier. « La propriétaire était emballée par le projet et nous payons collectivement un peu plus de 4 400 E pour les deux mois, ce qui me semble raisonnable », confie-t-elle.

Aujourd'hui, la toute jeune asso continue de recruter et ne demande qu'à faire pousser des idées. Dans ses cartons, un projet de partenariat avec le LaM de Villeneuve- d'Ascq. « Nous sommes en discussion pour monter un défilé de mode dans les jardins du musée et travailler autour de thèmes imposés. » Et tiens, pourquoi ne pas créer des résidences d'artistes au sein de cette éphémère boutique qui pourrait devenir pérenne ? Souad Meslis en rêve, mais... patience. Tout dépendra, dans un premier temps, des vertus du bouche à oreille, d'où naîtra l'affluence. La fourchette de prix est éclectique, à l'image des créations. Comptez 5 E pour une jolie babiole en pâte fimo et jusqu'à 350 E pour un incroyable textile « multifonctions », tour à tour cape, robe et jupe ! •

La boutique éphémère de la Marbrerie, 63, rue Léonard-Danel à Lille. Ouverte jusqu'au 31 décembre du mardi au samedi de 10 h à 18 h 30. L'inauguration aura lieu le 12 novembre, à 18 h 30.